« Voici encore une cruche pour mettre de l’eau, ajouta-t-elle ; nous n’y avions pas pensé. »
Après une attente de quelques minutes, pendant lesquelles Élisa eut le temps d’allumer le feu et de faire une bonne soupe et une omelette, on vit enfin arriver la charrette, dans laquelle était étendue la pauvre Françoise, la tête appuyée sur les genoux de la petite Lucie. Quand la voiture s’arrêta devant la porte, Mme de Rosbourg, aidée d’Élisa, en fit descendre Françoise plus faible, plus pâle encore que quelques heures auparavant. La pauvre femme n’eut pas la force de remercier Mme de Rosbourg ; mais son regard attendri indiquait assez la reconnaissance dont son cœur débordait. Lucie était si inquiète de cette grande faiblesse, qu’elle ne songea pas à regarder la maison ni la chambre où on la faisait entrer. Mais quand, rassurée sur sa mère, elle la vit couverte de linge blanc, couchée dans un bon lit avec des draps, des couvertures, son visage, si inquiet jusqu’alors, devint radieux ; sa tête penchée vers sa mère se redressa ; ses yeux fixés sur ce pâle visage changèrent de direction ; elle regarda autour d’elle : la douleur et l’inquiétude firent place au bonheur ; ses joues se colorèrent ; des larmes de joie coulèrent sur sa figure ; l’émotion lui coupa la parole ; elle ne put que se jeter à genoux et saisir la main de Mme de Rosbourg, qu’elle tint appuyée sur ses lèvres en éclatant en sanglots.