tait sa faiblesse ; en peu d’instants elles arrivèrent à une vieille masure.
C’était une cabane, une hutte de bûcheron, abandonnée et délabrée. Le toit était percé de tous côtés ; il n’y avait pas de fenêtre ; la porte était si peu élevée que Mme de Rosbourg dut se baisser pour y entrer ; l’obscurité ne lui permit pas au premier moment de distinguer, au fond de la cabane, une femme, à peine couverte de mauvais haillons, étendue sur un tas de mousse : c’était le lit de la mère et de la fille. Aucun meuble, aucun ustensile de ménage ne garnissait la cabane ; aucun vêtement n’était accroché aux murs. Mme de Rosbourg eut peine à retenir ses larmes à la vue d’une si profonde misère ; elle s’approcha de la malheureuse femme pâle, amaigrie, qui attendait avec anxiété le retour de Lucie et la nourriture qu’elle devait acheter avec le prix de sa pauvre vieille robe. Mme de Rosbourg comprit que la faim était en ce moment la plus cruelle souffrance de la mère et de la fille ; elle fit approcher Lucie, ouvrit le panier et partagea entre elles le pain et les fruits, qu’elles dévorèrent avec avidité. Elle attendit la fin de ce petit repas pour expliquer à la pauvre femme qu’elle était Mme de Rosbourg, femme du commandant de la Sibylle, et que la petite Lucie lui avait raconté leur misère, leur chagrin depuis la perte du vaisseau que montait son mari.