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et à peine assez forte pour se soutenir, essaya de porter le panier et fléchit sous son poids ; elle se retint au buisson, rougit et répéta d’une voix faible et éteinte : « Je suis forte, mesdemoiselles, ne vous inquiétez pas de moi. »

Madame de Rosbourg, se mettant en marche.

Donne-moi ce panier, ma pauvre enfant, je le porterai jusque chez toi ; où demeures-tu ?

La petite fille.

Ici, tout près, madame, sur la lisière du bois.

Madame de Fleurville.

Comment s’appelle ta maman ?

La petite fille.

On l’appelle la mère la Frégate, mais son vrai nom est Françoise Lecomte.

Madame de Fleurville.

Et pourquoi donc, mon enfant, l’appelle-t-on la mère la Frégate ?

La petite fille.

Parce qu’elle est la femme d’un marin.

Madame de Rosbourg, avec intérêt.

Où est ton père ? N’est-il pas avec vous ?

La petite fille.

Hélas ! non, madame, et c’est pour cela que nous sommes si malheureuses. Mon père est parti il y a quelques années ; on dit que son vaisseau a péri ; nous n’en avons plus entendu parler ; maman en a eu tant de chagrin qu’elle a fini par tomber malade. Nous avons vendu tout ce que