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dans le pays depuis un mois : ma pauvre maman est tombée malade en arrivant ; elle ne peut plus travailler. J’ai vendu tout ce que nous avions pour avoir du pain, je n’ai plus rien ; j’avais pourtant bien espéré qu’on m’achèterait au moulin ma pauvre robe qui cache mes haillons, mais on n’en a pas voulu ; j’ai été chassée, et même une petite fille m’a lancé des pierres.

Marguerite.

Je suis sûre que c’est la méchante Jeannette.

La petite fille.

Oui, tout juste ; sa mère l’a appelée de ce nom et lui a dit de finir, mais elle m’a encore attrapée au bras, si fort que j’en ai saigné. Ce ne serait rien si j’avais pu avoir quelque argent pour rapporter du pain à ma pauvre maman ; elle est si faible, et elle n’a rien mangé depuis hier !

Sophie.

Rien mangé !… Mais alors… toi aussi, ma pauvre petite, tu n’as rien mangé !

La petite fille.

Oh moi ! mademoiselle, je ne suis pas malade : je puis bien supporter la faim ; d’ailleurs, en allant au moulin, j’ai ramassé et mangé quelques glands.

Camille.

Des glands ! Pauvre, pauvre enfant ! attends-nous un instant, ma petite ; nous avons dans un