« Chère enfant, dit-elle, voici une lettre de ta belle-mère… »
Sophie saute de dessus sa chaise, rougit, puis pâlit ; elle retombe sur son siège, cache sa figure dans ses mains et retient avec peine ses larmes.
Mme de Fleurville, qui avait interrompu sa phrase au mouvement de Sophie, voit son agitation et lui dit : « Ma pauvre Sophie, tu crois sans doute que ta belle-mère va arriver et te reprendre ; rassure-toi : elle m’écrit au contraire que son absence doit se prolonger indéfiniment ; qu’elle est à Naples, où elle s’est remariée avec un comte Blagowski, et qu’une des conditions du mariage a été que tu n’habiterais plus chez elle. En conséquence, ta belle-mère me demande de te mettre dans une pension quelconque (Sophie rougit encore et regarde Mme de Fleurville d’un air suppliant et effrayé) ; à moins, continue Mme de Fleurville en souriant, que je ne préfère garder près de moi un si mauvais garnement. Qu’en dis-tu, ma petite Sophie ? Veux-tu aller en pension ou aimes-tu mieux rester avec nous, être ma fille et la sœur de tes amies ?
— Chère, chère madame, dit Sophie en se jetant dans ses bras et en l’embrassant tendrement, gardez-moi près de vous, continuez-moi votre affectueuse bonté, permettez-moi de vous aimer comme une mère, de vous obéir, de vous respecter comme si j’étais vraiment votre fille, et de m’appliquer à