exemple ; Mme de Fleurville m’a dit que les prisonnières n’en mangeaient pas, et que vous étiez si raisonnable que vous ne vous en étonneriez pas.
Sophie rougit de plaisir à ce petit éloge, qu’elle n’espérait pas avoir mérité.
« Merci, ma chère Élisa, dit-elle, et remerciez Mme de Fleurville de vouloir bien penser si favorablement de moi ; elle est si bonne, qu’on ne peut s’empêcher de devenir bon près d’elle. J’espère que dans peu de temps je deviendrai aussi sage, aussi aimable que mes amies. »
Élisa, touchée de cette humilité, embrassa Sophie et lui dit : « Soyez tranquille, mademoiselle, vous commencez déjà à être bonne ; vous allez voir ce que vous serez ; quand votre belle-mère reviendra, elle ne vous reconnaîtra pas. »
Cette idée du retour de sa belle-mère fit peu de plaisir à Sophie ; elle tâcha de n’y pas songer, et elle acheva son déjeuner. Élisa lui dit qu’elle allait remporter le plateau et qu’elle reviendrait ensuite la chercher pour la promener.
« Je vais vous faire marcher pendant une heure, mademoiselle, puis vous reviendrez travailler ; après votre dîner je vous promènerai encore pendant une bonne heure. »
La journée se passa ainsi sans trop d’ennui pour Sophie. Camille, Madeleine et Marguerite attendaient chaque fois Élisa à sa sortie de la chambre