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Marguerite.

L’année dernière, c’était si amusant ! on nous faisait grimper dans les cerisiers, et nous avons cueilli des cerises plein des paniers, pour faire des confitures, et nous en mangions tant que nous en voulions ; seulement nous ne nous sommes pas donné d’indigestion, comme tu as fait ce matin avec ton cassis.

Madeleine.

Ne lui parle plus de son cassis, Marguerite : tu vois qu’elle est honteuse et fâchée.

Sophie.

Oh oui ! je suis bien fâchée d’avoir été si gourmande ; une autre fois, bien certainement que je n’en mangerai qu’un peu, puisque je serai sûre de pouvoir en manger le lendemain et les jours suivants. C’est que je n’ai pas l’habitude de manger de bonnes choses ; et, quand j’en trouvais, j’en mangeais autant que mon estomac pouvait en contenir ; à présent je ne le ferai plus : c’est trop désagréable d’avoir mal au cœur ; et puis c’est honteux.

Marguerite.

C’est vrai ; maman me dit toujours que lorsqu’on s’est donné une indigestion, on ressemble aux petits cochons.

Cette comparaison ne fut pas agréable à Sophie, qui commençait à se fâcher et à s’agiter dans son lit ; Madeleine dit tout bas à Marguerite de se