Mmes de Fleurville et de Rosbourg dirent un dernier adieu à Mme Fichini, se placèrent dans le fond de la voiture, firent mettre Camille sur le siège, Madeleine, Sophie et Marguerite sur le devant, et les chevaux partirent. Sophie commençait à respirer librement, lorsqu’on entendit des cris : Arrêtez ! arrêtez ! La pauvre Sophie faillit s’évanouir ; elle craignait que sa belle-mère n’eût changé d’idée et ne la rappelât. Le cocher arrêta ses chevaux : un domestique accourut tout essoufflé à la portière et dit :
« Madame… fait dire… à Mlle Sophie… qu’elle a… oublié… ses affaires…, qu’elle ne les recevra que demain matin…, à moins que Mademoiselle n’aime mieux revenir… coucher à la maison. »
Sophie revint à la vie ; dans sa joie, elle tendit la main au domestique :
« Merci, merci, Antoine ; je suis fâchée que vous vous soyez essoufflé à courir si vite. Remerciez bien ma belle-mère ; dites-lui que je ne veux pas la déranger, que j’aime mieux me passer de mes affaires, que je les attendrai demain chez Mme de Fleurville. Adieu, adieu, Antoine. »
Mme de Fleurville, voyant l’inquiétude de Sophie, ordonna au cocher de continuer et d’aller bon train ; un quart d’heure après, la voiture s’arrêtait devant le perron de Fleurville, et l’heureuse Sophie sautait à terre, légère comme une plume et remerciant Dieu et Mme de Fleurville du bon