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Voilà les petites filles bien contentes ; elles courent devant leur bonne, et arrivent à la barrière qui les séparait de la route ; en attendant le passage des voitures, elles s’amusent à cueillir des fleurs pour en faire des couronnes à leurs poupées.

« Ah ! j’entends une voiture, s’écrie Madeleine.

— Oui. Comme elle va vite ! nous allons bientôt la voir.

— Écoute donc, Camille ; n’entends-tu pas crier ?

— Non, je n’entends que la voiture qui roule. »

Madeleine ne s’était pas trompée : car, au moment où Camille achevait de parler, on entendit bien distinctement des cris perçants, et, l’instant d’après, les petites filles et la bonne, qui étaient restées immobiles de frayeur, virent arriver une voiture attelée de trois chevaux de poste lancés ventre à terre, et que le postillon cherchait vainement à retenir.

Une dame et une petite fille de quatre ans, qui étaient dans la voiture, poussaient les cris qui avaient alarmé Camille et Madeleine.

À cent pas de la barrière, le postillon fut renversé de son siège, et la voiture lui passa sur le corps ; les chevaux, ne se sentant plus retenus ni dirigés, redoublèrent de vitesse et s’élancèrent vers un fossé très profond, qui séparait la route d’un champ labouré. Arrivée en face de la barrière