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« Ma pauvre Sophie, dit Camille en serrant la main de Sophie qui pleurait, que je te plains ! comme je suis peinée que tu n’aies pas avoué à ta belle-mère que tu avais bu ce vin parce que tu mourais de soif ! Elle ne t’aurait pas fouettée plus fort : c’eût été le contraire peut-être.

— Je n’ai pas bu ce vin, répondit Sophie en sanglotant ; je t’assure que je ne l’ai pas bu.

— Mais qu’est-ce donc que ces pas sur le sable dont parlait ta belle-mère ? Ce n’est pas toi qui as sauté par la fenêtre ? demanda Madeleine.

— Non, non, ce n’est pas moi ; je ne mentirais pas avec toi, et je t’assure que je n’ai pas passé par la fenêtre et que je n’ai pas touché à ce vin. »

Après quelques explications qui ne leur apprirent pas quel pouvait être le vrai coupable, les enfants réparèrent de leur mieux le désordre de la toilette de la pauvre Sophie ; Camille lui rattacha sa robe, Madeleine lui peigna les cheveux, Marguerite lui lava les mains et la figure ; ses yeux restèrent pourtant gonflés. Elles allèrent ensuite au jardin pour voir les fleurs, cueillir des bouquets et faire une visite à la jardinière.