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sanglotant ; au moment où elle s’apprêtait à quitter le salon pour aller retrouver ses amies, Mme Fichini se retourna vers elle et lui donna un dernier soufflet, qui la fit trébucher ; après quoi, essoufflée, furieuse, elle revint s’asseoir sur le canapé. L’indignation empêchait ces dames de parler ; elles craignaient, si elles laissaient voir ce qu’elles éprouvaient, que l’irritation de cette méchante femme ne s’en accrût encore, et qu’elle ne renonçât à l’idée de laisser Sophie à Fleurville pendant le voyage qu’elle devait bientôt commencer. Toutes trois gardaient le silence ; Mme Fichini s’éventait. Mmes de Fleurville et de Rosbourg travaillaient à leur tapisserie sans mot dire.

Madame Fichini.

Ce qui vient de se passer, mesdames, me donne plus que jamais le désir de me séparer de Sophie ; je crains seulement que vous ne vouliez pas recevoir chez vous une fille si méchante et si insupportable.

Madame de Fleurville, froidement.

Je ne redoute pas, madame, la méchanceté de Sophie ; je suis bien sûre que je me ferai obéir d’elle sans difficulté.

Madame Fichini.

Ainsi donc, vous voulez bien consentir à m’en débarrasser ? Je vous préviens que mon absence sera longue ; je ne reviendrai pas avant deux ou trois mois.