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bonjour, chères demoiselles ; comme c’est aimable d’arriver de bonne heure ! Les enfants auront le temps de jouer, et nous autres, mamans, nous causerons. J’ai une grâce à vous demander, chères dames ; je vous expliquerai cela ; c’est pour ma vaurienne de Sophie ; je veux vous en faire cadeau pour quelques semaines, si vous voulez bien l’accepter et la garder pendant un voyage que je dois faire. »

Mme de Fleurville, surprise, ne répondit rien ; elle attendit que Mme Fichini lui expliquât le cadeau incommode qu’elle désirait lui faire. Ces dames entrèrent dans le salon, les enfants restèrent dans le vestibule.

« Qu’est-ce qu’a dit ta belle-mère, Sophie ? demanda Marguerite, qu’elle voulait te donner à maman ? Où veut-elle donc aller sans toi ?

— Je n’en sais rien, répondit Sophie en soupirant ; je sais seulement que depuis deux jours elle me bat souvent et qu’elle veut me laisser seule ici pendant qu’elle fera un voyage en Italie.

— En seras-tu fâchée ? dit Camille.

— Oh ! pour cela non, surtout si je vais demeurer chez vous : je serai si heureuse avec vous ! Jamais battue, jamais injustement grondée, je ne serai plus seule, abandonnée pendant des journées entières, n’apprenant rien, ne sachant que faire, m’ennuyant. Il m’arrive bien souvent de pleurer plusieurs heures de suite,