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« Prends garde, Marguerite : souviens-toi du gros chêne et de Jeannette. »

Marguerite.

Mais demain il n’y aura pas d’orage, ni de forêt, ni de Jeannette.

Madeleine.

Non, mais tu pourrais l’oublier quelque part, ou la laisser tomber et la casser.

Marguerite.

C’est ennuyeux de toujours laisser ma pauvre poupée à la maison. Pauvre petite ! elle s’ennuie ! Jamais elle ne sort ! jamais elle ne voit personne !

Camille et Madeleine se mirent à rire ; Marguerite, après un instant d’hésitation, rit avec elles et avoua qu’il était plus raisonnable de laisser la poupée à la maison.

Le lendemain matin, les petites filles travaillèrent comme de coutume ; à deux heures elles allèrent s’habiller, et à deux heures et demie elles montèrent en calèche découverte ; Mmes de Rosbourg et de Fleurville s’assirent au fond ; les trois petites prirent place sur le devant. Il faisait un temps magnifique, et, comme le château de Mme Fichini n’était qu’à une lieue, le voyage dura à peine vingt minutes. La grosse Mme Fichini les attendait sur le perron ; Sophie se tenait en arrière, n’osant pas se montrer, de crainte des soufflets.

« Bonjour, chères dames, s’écria Mme Fichini ;