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La mère Léonard s’agite, appelle sa fille, court de la maison au moulin et ramène, en la traînant par le bras, Jeannette qui s’était cachée et qui se débat vivement.

Mère Léonard.

Vas-tu pas finir, méchante, malapprise ?

Jeannette, criant.

Je veux m’en aller ; lâchez-moi ; j’ai peur.

Mère Léonard.

De quoi que t’as peur, sans cœur ? Ces dames vont-elles pas te manger ? »

Jeannette cesse de se débattre ; la mère Léonard lui lâche le bras ; Jeannette se sauve et s’enfuit dans sa chambre. La mère Léonard est furieuse, elle craint que le fichu et le tablier ne lui échappent ; elle appelle Jeannette :

« Méchante enfant, s’écrie-t-elle, petite drôlesse, je te vas quérir et je te vas cingler les reins ; tu vas voir. »

Mme de Fleurville l’arrête et lui dit :

« N’y allez pas, mère Léonard ; laissez-moi lui parler : je la trouverai, allez, je connais bien la maison. »

Et Mme de Fleurville entra chez Jeannette, suivie de la mère Léonard. Elles la trouvèrent cachée derrière une chaise. Mme de Fleurville, sans mot dire, la tira de sa cachette, s’assit sur la chaise, et, lui tenant les deux mains, lui dit :

« Pourquoi te caches-tu, Jeannette ? Les autres