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pée et salie, mais elle n’a pu la faire disparaître ! Les loups ne mangent pas les poupées ; ce n’est donc pas un loup qui l’a emportée. »

Tout en réfléchissant et en se désolant, elles arrivèrent à la maison. Marguerite alla dans sa chambre, prit toutes les affaires de sa poupée perdue, les plia proprement et les remit dans les tiroirs de la commode, comme elle les avait trouvées ; elle ferma les tiroirs, retira la clef et alla la porter à Camille.

« Tiens, Camille, lui dit-elle, voici la clef de ma petite commode ; mets-la, je te prie, dans ton bureau ; puisque ma pauvre poupée est perdue, je veux garder ses affaires. Quand j’aurai assez d’argent, j’en achèterai une tout à fait pareille, à laquelle les robes et les chapeaux pourront aller. »

Camille ne répondit pas, embrassa Marguerite, prit la clef et la serra dans un des tiroirs de son bureau, en disant : « Pauvre Marguerite ! »

Madeleine n’avait rien dit ; elle souffrait du chagrin de Marguerite et ne savait comment la consoler. Tout à coup son visage s’anime, elle se lève, court à son sac à ouvrage, en tire une bourse, et revient en courant près de Marguerite.

« Tiens, ma chère Marguerite, voici de quoi acheter une poupée ; j’ai amassé trente-cinq francs pour faire emplette de livres dont je n’ai pas besoin ; je suis enchantée de ne pas les avoir encore ache-