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même il tomberait sur toi, parce que tu as un fichu de soie et des rubans de soie à ton chapeau.

Marguerite.

Comment ? la soie chasse le tonnerre ?

Madame de Fleurville.

Oui, le tonnerre ne touche jamais aux personnes qui ont sur elles quelque objet en soie. L’été dernier, un de mes amis qui demeure à Paris, rue de Varenne, revenait chez lui par un orage épouvantable ; le tonnerre est tombé sur lui, a fondu sa montre, sa chaîne, les boucles de son gilet, les clefs qui étaient dans sa poche, les boutons d’or de son habit, sans lui faire aucun mal, sans même l’étourdir, parce qu’il avait une ceinture de soie qu’il porte pour se préserver de l’humidité.

Marguerite.

Ah ! que je suis contente de savoir cela ! je n’aurai plus peur du tonnerre.

Madame de Fleurville.

Voilà le vent d’orage qui s’élève ; courons vite, dans dix minutes la pluie tombera à torrents.

Les trois enfants se mirent à courir.

Mme de Fleurville suivait en marchant très vite ; mais elles avaient beau se dépêcher, l’orage marchait plus vite qu’elles, les gouttes commencèrent à tomber plus serrées, le vent soufflait avec violence ; les enfants avaient relevé leurs jupons sur leurs têtes, elles riaient tout en courant ; elles s’amusaient beaucoup de leurs jupons gonflés par le