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LES MALHEURS DE SOPHIE.

sentit mal à l’aise, la crème et le pain chaud lui pesaient sur l’estomac ; elle avait mal à la tête ; elle s’assit sur sa petite chaise et resta sans bouger et les yeux fermés.

La maman, n’entendant plus de bruit, se retourna et vit Sophie pâle et l’air souffrant.

« Qu’as-tu, Sophie ? dit-elle avec inquiétude ; es-tu malade ?

— Je suis souffrante, maman, répondit-elle ; j’ai mal à la tête.

— Depuis quand donc ?

— Depuis que j’ai fini de ranger mon ouvrage.

— As-tu mangé quelque chose ? »

Sophie hésita et répondit bien bas :

« Non, maman, rien du tout.

— Je vois que tu mens ; je vais aller le demander à ta bonne, qui me le dira. »

La maman sortit et resta quelques minutes absente. Quand elle revint, elle avait l’air très fâché.

« Vous avez menti, mademoiselle ; votre bonne m’a avoué qu’elle vous avait donné du pain chaud et de la crème, et que vous en aviez mangé comme une gloutonne. Tant pis pour vous, parce que vous allez être malade et que vous ne pourrez pas venir dîner demain chez votre tante d’Aubert, avec votre cousin Paul. Vous y auriez vu Camille et Madeleine de Fleurville ; mais, au lieu de vous amuser, de courir dans les bois pour chercher des fraises, vous resterez toute seule à la maison et vous ne mangerez que de la soupe. »