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LES MALHEURS DE SOPHIE.

Sophie ne répondit rien.

madame de réan.

N’entends-tu pas ce que je te demande ? D’où vient le sang qui tache la nappe ?

sophie.

Maman… c’est… c’est… de mon doigt.

madame de réan.

Qu’as-tu au doigt ? Depuis quand y as-tu mal ?

sophie.

Depuis ce matin, maman. C’est mon poney qui m’a mordue.

madame de réan.

Comment ce poney, qui est doux comme un agneau, a-t-il pu te mordre ?

sophie.

C’est en lui donnant du pain, maman.

madame de réan.

Tu n’as donc pas mis le pain dans ta main toute grande ouverte, comme je te l’ai tant de fois recommandé ?

sophie.

Non, maman ; je tenais le pain dans mes doigts.

madame de réan.

Puisque tu es si sotte, tu ne donneras plus de pain à ton cheval.

Sophie se garda bien de répondre ; elle pensa qu’elle aurait toujours le panier dans lequel on mettait le pain pour les chevaux, et qu’elle en prendrait par-ci par-là un morceau.

Le lendemain donc, elle suivait sa maman dans les écuries, et, tout en lui présentant les