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LES MALHEURS DE SOPHIE.

Sophie se regarda un jour à la glace, et trouva que ses sourcils étaient trop maigres.

« Puisque, dit-elle, les cheveux deviennent plus épais quand on les coupe, les sourcils, qui sont de petits cheveux, doivent faire de même. Je vais donc les couper pour qu’ils repoussent très épais. »

Et voilà Sophie qui prend des ciseaux et qui coupe ses sourcils aussi court que possible. Elle se regarde dans la glace, trouve que cela lui fait une figure toute drôle, et n’ose pas rentrer au salon.

« J’attendrai, dit-elle, que le dîner soit servi ; on ne pensera pas à me regarder pendant qu’on se mettra à table. »

Mais sa maman, ne la voyant pas venir, envoya le cousin Paul pour la chercher.

« Sophie, Sophie, es-tu là ? s’écria Paul en entrant. Que fais-tu ? viens dîner.

— Oui, oui, j’y vais », répondit Sophie en marchant à reculons, pour que Paul ne vît pas ses sourcils coupés.

Sophie pousse la porte et entre.

À peine a-t-elle mis les pieds dans le salon, que tout le monde la regarde et éclate de rire.

« Quelle figure ! dit M. de Réan.

— Elle a coupé ses sourcils, dit Mme de Réan.

— Qu’elle est drôle ! qu’elle est drôle ! dit Paul.