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LES MALHEURS DE SOPHIE.

Paul, qui était inquiet, mais qui ne voulait pas l’avouer à Sophie, examinait attentivement la tortue, qui continuait à ne pas bouger.

« Laissons-la, dit-il à Sophie ; le soleil va la réchauffer et lui faire du bien. »

sophie.

Est-ce que tu crois qu’elle est malade ?

paul.

Je crois que oui. »

Il ne voulait pas ajouter : Je crois qu’elle est morte, comme il commençait à le craindre.

Pendant deux jours, Paul et Sophie continuèrent à porter la tortue sur l’herbe, mais elle ne bougeait pas, et ils la retrouvaient toujours comme ils l’avaient posée ; les salades qu’ils lui mettaient le soir se retrouvaient entières le lendemain. Enfin, un jour, en la mettant sur l’herbe, ils s’aperçurent qu’elle sentait mauvais.

« Elle est morte, dit Paul ; elle sent déjà mauvais. »

Ils étaient tous deux près de la tortue, se désolant et ne sachant que faire d’elle, quand Mme de Réan arriva près d’eux.

« Que faites-vous là, mes enfants ? Vous êtes immobiles comme des statues près de cette tortue… qui est aussi immobile que vous », ajouta-t-elle en se baissant pour la prendre.

En l’examinant, Mme de Réan s’aperçut qu’elle sentait mauvais.

« Mais… elle est morte, s’écria-t-elle en la rejetant par terre ; elle sent déjà mauvais.