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LES MALHEURS DE SOPHIE.

lambert, riant.

Un âne ne se trouve pas comme une baguette, mademoiselle. Il faut que je sache s’il y en a à vendre, que je coure dans tous les environs, pour vous en avoir un bien doux, qui ne rue pas, qui ne morde pas, qui ne soit point entêté, qui ne soit ni trop jeune ni trop vieux.

sophie.

Dieu, que de choses pour un âne ! Prenez le premier que vous trouverez, Lambert ; ce sera plus tôt fait.

lambert.

Non, mademoiselle, je ne prendrai pas le premier venu : je vous exposerais à vous faire mordre ou à recevoir un coup de pied.

sophie.

Bah ! bah ! Paul saura bien le rendre sage.

paul.

Mais pas du tout ; je ne veux pas mener un âne qui mord et qui rue.

madame de réan.

Laissez faire Lambert, mes enfants ; vous verrez que votre commission sera très bien faite. Il s’y connaît et il ne ménage pas sa peine.

paul.

Et la voiture, ma tante ? Comment pourra-t-on en avoir une assez petite pour y atteler l’âne ?

lambert.

Ne vous tourmentez pas, monsieur Paul : en attendant que le charron en fasse une, je vous prê-