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LES MALHEURS DE SOPHIE.

étaient tordus et cassés, Beau-Minon s’élançait par terre, tenant dans sa gueule le pauvre bouvreuil qui battait encore des ailes. Mme de Réan cria à son tour et courut à Beau-Minon pour lui faire lâcher l’oiseau. Beau-Minon se sauva sous un fauteuil. M. de Réan, qui entrait en ce moment, saisit une pincette et voulut en donner un coup à Beau-Minon. Mais le chat, qui était prêt à se sauver, s’élança vers la porte restée entr’ouverte. M. de Réan le poursuivit de chambre en chambre, de corridor en corridor. Le pauvre oiseau ne criait plus, ne se débattait plus. Enfin M. de Réan parvint à attraper Beau-Minon avec la pincette. Le coup avait été si fort que sa gueule s’ouvrit et laissa échapper l’oiseau. Pendant que le bouvreuil tombait d’un côté, Beau-Minon tombait de l’autre. Il eut deux ou trois convulsions et il ne bougea plus ; la pincette l’avait frappé à la tête ; il était mort.

Mme de Réan et les enfants, qui couraient après M. de Réan, après le chat et après le bouvreuil, arrivèrent au moment de la dernière convulsion de Beau-Minon.

« Beau-Minon, mon pauvre Beau-Minon ! s’écria Sophie.

— Le bouvreuil, le pauvre bouvreuil ! s’écria Paul.

— Mon ami, qu’avez-vous fait ? s’écria Mme de Réan.

— J’ai puni le coupable, mais je n’ai pu sauver l’innocent, répondit M. de Réan. Le bouvreuil est