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LES MALHEURS DE SOPHIE.

mal, tu ne dois pas tenir ta promesse de ne pas me le dire. Je te promets, moi, que je ne gronderai pas Paul, et que je ne le dirai pas à sa maman ; mais je veux savoir ce qui te rend si triste, ce qui te fait pleurer si fort, et tu dois me le dire.

Sophie cache sa figure dans les genoux de Mme de Réan, et sanglote si fort qu’elle ne peut pas parler.

Mme de Réan cherche à la rassurer, à l’encourager, et enfin Sophie lui dit :

« Paul n’a rien fait de mal, maman ; au contraire, il est très bon, et il a fait une très belle chose ; c’est moi seule qui ai été méchante, et c’est pour m’empêcher d’être grondée et punie qu’il s’est roulé dans le houx. »

Mme de Réan, de plus en plus surprise, questionna Sophie, qui lui raconta tout ce qui s’était passé entre elle et Paul.

« Excellent petit Paul ! s’écria Mme de Réan ; quel bon cœur il a ! Quel courage et quelle bonté ! Et toi, ma pauvre Sophie, quelle différence entre toi et ton cousin ! Vois comme tu te laisses aller à tes colères et comme tu es ingrate envers cet excellent Paul, qui te pardonne toujours, qui oublie toujours tes injustices, et qui, aujourd’hui encore, a été si généreux pour toi.

sophie.

Oh oui ! maman, je vois bien tout cela, et à l’avenir jamais je ne me fâcherai contre Paul.