Et voilà Paul qui part en courant ; Sophie le suit ; ils entrent dans le petit bois près de la maison ; Paul se dirige vers un buisson de houx, se jette dedans et se roule de manière à avoir le visage piqué et écorché par les pointes des feuilles. Il se relève plus écorché qu’auparavant.
Lorsque Sophie voit ce pauvre visage tout saignant, elle se désole, elle pleure.
« C’est moi, dit-elle, qui suis cause de tout ce que tu souffres, mon pauvre Paul ! C’est pour que je ne sois pas punie que tu t’écorches plus encore que je ne l’avais fait dans ma colère. Oh ! cher Paul ! comme tu es bon ! Comme je t’aime !
— Allons vite à la maison pour me laver encore le visage, dit Paul. N’aie pas l’air triste, ma pauvre Sophie. Je t’assure que je souffre très peu ; demain ce sera passé. Ce que je te demande seulement, c’est de ne pas dire que tu m’as griffé ; si tu le faisais, j’en serais fort triste et je n’aurais pas la récompense de mes piqûres de houx. Me le promets-tu ?
— Oui, dit Sophie en l’embrassant ; je ferai tout ce que tu voudras. »
Ils rentrèrent dans leur chambre, et Paul retrempa son visage dans l’eau.
Quand ils allèrent au salon, les mamans qui y étaient poussèrent un cri de surprise en voyant le visage écorché et bouffi du pauvre Paul.
« Où t’es-tu arrangé comme cela ? demanda Mme d’Aubert. Mon pauvre Paul, on dirait que tu t’es roulé dans les épines.