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LES MALHEURS DE SOPHIE.

visage et sur ses mains. Les enfants en firent autant ; Mme de Réan leur fit tremper la tête dans l’eau fraîche. Ils se sentirent ranimés, et leur tremblement se calma.

Les pauvres chiens s’étaient tous jetés dans l’eau ; ils buvaient, ils lavaient leurs blessures, ils se roulaient dans le ruisseau ; et ils sortirent de leur bain nettoyés et rafraîchis.

Au bout d’un quart d’heure, Mme de Réan se leva pour partir. Les enfants marchèrent près d’elle.

« Sophie, dit-elle, crois-tu que j’aie eu raison de te défendre de t’arrêter ?

sophie.

Oh oui ! maman ; je vous demande bien pardon de vous avoir désobéi ; et toi, mon bon Paul, je suis bien fâchée de t’avoir appelé poltron.

madame de réan.

Poltron ! tu l’as appelé poltron ! Sais-tu que, lorsque nous avons couru vers toi, c’est lui qui courait en avant ? As-tu vu que, lorsque les autres loups arrivaient au secours de leur camarade, Paul, armé d’un bâton qu’il avait ramassé en courant, s’est jeté au-devant d’eux pour les empêcher de passer, et que c’est moi qui ai dû l’enlever dans mes bras et le retenir près de toi pour l’empêcher d’aller au secours des chiens ? As-tu remarqué aussi que, pendant tout le combat, il s’est toujours tenu devant toi pour empêcher les loups d’arriver jusqu’à nous ? Voilà comme Paul est poltron ! »