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LES MALHEURS DE SOPHIE.

me retardera pas beaucoup. Reste avec moi, nous en mangerons ensemble.

paul.

Non, je ne veux pas désobéir à ma tante, et je ne veux pas être perdu dans la forêt.

sophie.

Mais il n’y a pas de danger. Tu vois bien que c’est pour nous faire peur que maman l’a dit ; nous saurions bien retrouver notre chemin si nous restions derrière.

paul.

Mais non : le bois est très épais, nous pourrions bien ne pas nous retrouver.

sophie.

Fais comme tu voudras, poltron ; moi, à la première place de fraises comme celles que nous venons de voir, j’en mangerai quelques-unes.

paul.

Je ne suis pas poltron, mademoiselle, et vous, vous êtes une désobéissante et une gourmande : perdez-vous dans la forêt si vous voulez ; moi, j’aime mieux obéir à ma tante. »

Et Paul continua à suivre Mme de Réan, qui marchait assez vite et sans se retourner. Ses chiens l’entouraient et marchaient devant et derrière elle. Sophie aperçut bientôt une nouvelle place de fraises aussi belles que les premières ; elle en mangea une, qu’elle trouva délicieuse, puis une seconde, une troisième ; elle s’accroupit pour les cueillir plus à son aise et plus vite ; de temps en