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LES MALHEURS DE SOPHIE.

de l’œil et qui avaient suivi avec un battement de cœur les mouvements de l’écureuil, tirèrent la ficelle, et l’écureuil fut pris. La frayeur lui fit jeter l’amande qu’il commençait à grignoter, et il se mit à tourner autour de la cage pour s’échapper. Hélas ! le pauvre petit animal devait payer cher sa gourmandise et rester prisonnier ! Les enfants se précipitèrent sur la cage ; Paul ferma soigneusement la porte et emporta la cage dans la chambre de Sophie. Elle courait en avant et appela sa bonne d’un air triomphant pour lui faire voir son nouvel ami.

La bonne ne fut pas contente de ce petit élève.

« Que ferons-nous de cet animal ? dit-elle. Il va nous mordre et nous faire un bruit insupportable. Quelle idée avez-vous eue, Sophie, de nous embarrasser de cette vilaine bête.

sophie.

D’abord, ma bonne, elle n’est pas vilaine : l’écureuil est une très jolie bête. Ensuite il ne fera pas de bruit du tout et il ne nous mordra pas. C’est moi qui le soignerai.

la bonne.

En vérité, je plains le pauvre animal ; vous le laisserez bientôt mourir de faim.

sophie, avec indignation.

Mourir de faim ! certainement non ; je lui donnerai des noisettes, des amandes, du pain, du sucre, du vin.