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LES MALHEURS DE SOPHIE.

« Il y est, il y est ! s’écria-t-elle. Le voilà ; je vois le bout de sa queue qui sort derrière cette branche touffue. »

En effet, l’écureuil, entendant parler, avança sa petite tête pour voir ce qui se passait.

« C’est bien, mon cher ami, dit Paul. Te voilà : tu seras bientôt en prison. Tiens, voilà des provisions que nous t’apportons ; sois gourmand, mon ami, sois gourmand ; tu verras comme on est puni de la gourmandise. »

Le pauvre écureuil, qui ne s’attendait pas à devenir un malheureux prisonnier, regardait d’un air moqueur, en faisant aller sa tête de droite et de gauche. Il vit la cage que Paul posait à terre, et jeta un œil d’envie sur les amandes et les noix. Quand les enfants se furent cachés derrière le tronc du chêne, il descendit deux ou trois branches, s’arrêta, regarda de tous côtés, descendit encore un peu, et continua ainsi à descendre petit à petit, jusqu’à ce qu’il fût sur la cage. Il passa une patte à travers les barreaux, puis l’autre ; mais, comme il ne pouvait rien attraper et que les amandes lui paraissaient de plus en plus appétissantes, il chercha le moyen d’entrer dans la cage, et il ne fut pas longtemps à trouver la porte ; il s’arrêta à l’entrée, regarda la ficelle d’un air méfiant, allongea encore une patte pour atteindre les amandes ou les noix : mais, ne pouvant y parvenir, il se hasarda enfin à entrer dans la cage. À peine y fut-il, que les enfants, qui regardaient du coin