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beaucoup de progrès, ni en écriture, ni en calcul, et surtout en anglais ; au bout d’un an elle ne pouvait ni causer en anglais, ni comprendre facilement ce qu’elle lisait ; il en était de même pour le reste.

Un jour, jour de triomphe, miss Albion dit à Sophie en s’en allant :

« Je vous dis adieu pour tout à fait, miss Sophie, car je pars pour la Grande-Bretagne et je ne reviendrai plus. »

Sophie poussa un cri de joie, que miss Albion prit pour un cri de désespoir ; elle en fut très flattée et raconta partout que « cette bonne petite miss Sophie aimait tant elle, que lorsqu’elle s’est séparée, la petite avait presque tombé de douleur ».

La maman de Sophie lui donna pour maîtresse Mlle Frichon, et, à partir de ce jour, Sophie fit de tels progrès, qu’elle rattrapa bientôt sa cousine Valentine. Enfin, le dernier vœu de Sophie fut comblé quand sa maman lui annonça qu’elle allait avoir une bonne allemande, la sœur de celle de Valentine. Sophie fut si contente qu’elle se mit à sauter dans le salon sans regarder où elle allait, et qu’elle renversa une table sur laquelle étaient une lampe et un verre d’eau sucrée ; l’huile et l’eau se répandirent sur le tapis ; la maman cria, le papa gronda, et Sophie se sauva dans sa chambre, où elle trouva la bonne qui venait d’arriver.