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Sophie écrit. Valentine continue de lui dicter sa leçon, phrase par phrase, avec une patience d’autant plus méritoire que Sophie faisait exprès comme si elle ne comprenait pas, et redemandait sans cesse : « Et puis ? — Et après ? — Que faut-il faire ? »

Valentine fut plusieurs fois sur le point de jeter le livre, de dire à Sophie qu’elle faisait la bête ; mais elle réprima si bien son impatience, que Sophie ne s’en aperçut pas. À mesure qu’elle avançait la leçon, grâce à sa bonne petite cousine, Sophie sentait son humeur se dissiper ; elle reprenait courage, et tout était fini qu’elle demandait encore : « Et puis ?

— Et puis rien ! répondit Valentine triomphante. C’est fini, tu as tout écrit.

— Fini ? dit Sophie avec surprise. Je croyais que ce serait bien plus long.

— Tu vois que je te disais vrai. Tu as la bonne manière à présent, et tu feras tes leçons bien plus facilement. Voyons maintenant si tu la sais. »

Sophie commença, continua et termina sans s’arrêter, sans hésiter un instant.

« Merci, bonne Valentine, s’écria-t-elle en l’embrassant ; c’est toi qui m’as sauvée d’un ennui ! ah ! d’un ennui qui me faisait pleurer.

Valentine, souriant.

Pleurer… un peu par humeur plus que par chagrin, n’est-ce pas, Sophie ?

— C’est vrai, dit Sophie en rougissant ; j’étais