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Sophie, attendrie, lui promit de demander grâce à son papa, et le quitta en courant pour chercher son père.

Il n’était pas dans sa chambre ni au salon ; alors elle retourna chez sa bonne, pensant qu’il était avec Arthur. Elle l’y trouva effectivement, et, se jetant dans ses bras :

« Papa, je vous en prie, je vous en supplie, dit-elle, pardonnez au pauvre Léonce ; il pleure, il est désolé ; il ne sera plus jamais méchant ; il me l’a bien promis. Ne le mettez pas au collège, papa ; je vous en prie, mon cher papa, laissez-le avec nous.

Arthur.

Vous voulez mettre Léonce au collège, papa ? Oh ! pauvre Léonce ! S’il va au collège, je serai malheureux comme lui, je pleurerai toujours.

Le père.

Mes pauvres enfants, Léonce a déjà fait plusieurs méchancetés ; celle d’aujourd’hui est plus forte que les autres ; tu aurais pu brûler tout entier ; le bon Dieu a permis que ta bonne se soit trouvée là, que la baignoire se soit trouvée pleine d’eau, qu’elle ait eu l’heureuse pensée de te jeter dedans ; mais je ne veux pas vous laisser exposés à de pareils dangers, et je veux éloigner celui qui vous y expose. »

Arthur et Sophie continuèrent leurs supplications avec une telle insistance et avec un tel chagrin, que le papa, à moitié vaincu, leur promit d’aller parler à Léonce.

« Si je le trouve vraiment repentant, comme tu