Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Léonce avança avec une frayeur qui ne fit aucune pitié à son père.

Le père.

Pourquoi avez-vous donné à votre frère un conseil qui pouvait causer la mort de son chien et peut-être la sienne ?

Léonce.

Je ne savais pas, papa… Je croyais qu’on pouvait…, qu’il éteindrait…, qu’il soufflerait…

Le père.

Vous ne saviez pas que le feu brûlait ? Vous ne saviez pas qu’une fois allumés, les poils de Bijou ne s’éteindraient pas, et que votre frère était trop jeune pour pouvoir les éteindre ? »

Léonce ne répondit pas ; il baissa de plus en plus sa tête tremblante, et comprit qu’il ne pouvait pas échapper à la punition qu’il avait méritée.

Son père le regarda quelques instants en silence.

« Monsieur, dit-il enfin, votre sœur et votre frère souffrent sans cesse de votre méchanceté, de votre jalousie, de votre basse envie. Vos tours deviennent trop dangereux pour que je puisse vous laisser vivre près d’eux. Allez dans votre chambre et restez-y. Je vous emmènerai demain pour vous mettre dans un collège où vous serez sévèrement tenu et surveillé. Allez. »

Léonce se retira sans répondre ; en entrant dans sa chambre, il se mit à pleurer amèrement.

« Dans un collège ! Mon Dieu ! mon Dieu ! serai-je malheureux ! Tout seul, sans amis, avec des maîtres sévères ! »