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Léonce, qui se trouvait tout seul avec lui, sourit d’un air malicieux.

« Écoute, dit-il, j’ai remarqué que ce qu’on brûlait devenait noir. Le bois brûlé est noir, le papier brûlé est noir, le bouchon brûlé est noir. Il me semble que tu pourrais essayer…

— De brûler mon pauvre Bijou ? s’écria Arthur. Certainement non, je ne le ferai pas ; je ne le veux pas.

Léonce.

Est-ce que je te dis de le brûler, nigaud ? Je sais bien que si tu le brûles, il sera mort.

Arthur.

Alors, à quoi sert ce que tu dis ?

Léonce.

À te donner un bon conseil, tu vas voir. Il faut seulement brûler le bout de ses poils ; rien que le bout, pour que ses poils soient plus courts et noirs. Ça ne peut pas lui faire de mal, cela, puisque tu ne laisseras brûler que le bout, absolument le bout des poils. »

Arthur était indécis ; il ne savait s’il devait ou non suivre le conseil de Léonce. Il regardait Bijou, qui dormait sur ses genoux.

« Pauvre petit, dit-il, si cela te brûlait trop fort !

— C’est impossible, puisque j’éteindrai aussitôt que tu auras allumé le bout des poils. »

Et pour achever de décider Arthur, il lui présenta une boîte d’allumettes qui était sur la cheminée.

« Voyons, dépêche-toi ; maman ou ma bonne vont entrer, et Bijou restera sale ; il faudra le