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Sophie, embarrassée.

Papa,… il est mangé ; oui, il est mangé.

Le papa.

C’est toi qui l’as mangé ? »

Sophie est de plus en plus embarrassée ; elle ne veut pas mentir, elle ne veut pas dire qu’elle l’a donné à Léonce. Elle reste rouge et muette.

Le papa.

Ce n’est pas pour te reprocher l’usage que tu as fait de ton dessert, ma chère enfant, que je t’adresse ces questions, mais pour m’assurer de ta bonne action. Je me doutais que tu avais porté à Léonce ce que tu enfournais si habilement dans ta poche. C’est bon et généreux à toi. Je n’ai pas voulu que tu fusses privée de ton dessert, et j’ai fait apporter ce qui t’en revenait. Mange-le, mon enfant, et sois toujours bonne et généreuse comme tu l’as été ce soir. Tu n’en seras pas toujours récompensée en ce monde, mais le bon Dieu, qui voit tout, répandra sur toi ses bénédictions et t’aidera de plus en plus à devenir meilleure. »

Sophie remercia et embrassa son papa, qui la serra tendrement dans ses bras et qui lui remit l’assiette de dessert ; elle la reçut et en mangea le contenu avec un double plaisir.