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Léonce.

Et c’est toi qui as des idées absurdes qui nous font punir.

Sophie.

Pourquoi les trouves-tu si bonnes et les acceptes-tu, si elles sont absurdes ?

Léonce.

Parce que je n’ai pas le temps de réfléchir ; si tu me donnais seulement deux minutes pour y penser, je verrais que tu n’inventes et que tu ne fais que des bêtises.

Sophie.

Alors tu es un imbécile qui demande conseil à une bête et qui fait toujours ce que la bête lui conseille.

Léonce.

Non, mademoiselle, je ne suis pas un imbécile, je suis trop bon, voilà tout.

Sophie.

Trop bon ! ah ! ah ! Voilà un reproche que tu es seul à t’adresser : personne ne t’accusera d’être trop bon. Tu es méchant comme une gale ; demande à Arthur.

Léonce.

Méchante gale toi-même ! demande à Arthur.

Sophie, vivement.

Arthur, est-ce que je suis méchante ?

Arthur.

Non, pas du tout ; tu es seulement trop vive.

Léonce.

Arthur, n’est-ce pas que je ne suis pas méchant ?