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Arthur.

Tiens ! une bouteille d’encre. C’est Sophie qui en a eu l’idée.

Léonce.

Excellente idée ! Vite, commençons. Avec quoi allons-nous mettre l’encre sur le mouton ?

Sophie.

En la versant tout doucement sur la tête, sur le dos, partout, il sera teint parfaitement, nous étalerons avec nos mains.

Léonce.

C’est ça. Toi Arthur, et toi Sophie, vous étalerez l’encre, et moi je la verserai avec précaution. »

Léonce commence à verser ; il verse trop fort, l’encre coule sur le tapis. Sophie et Arthur en remplissent leurs mains, leurs habits ; il saute même des éclaboussures sur leurs visages. Léonce rit. Sophie se fâche et applique sa main pleine d’encre sur le visage de Léonce, qui se fâche à son tour et lance de l’encre au visage de Sophie ; Arthur veut arracher la bouteille des mains de Léonce; en se débattant, Léonce jette de l’encre de tous côtés : le tapis, les rideaux, les meubles, tout est taché. Ils se disent quelques injures à voix basse : « Méchant ! vilaine ! sotte ! imbécile ! » Le mélange des voix irritées et des mouvements violents des trois combattants fait un bruit étrange qui attire l’attention de la maman.

« Que vous arrive-t-il, mes enfants ? crie la maman, de la chambre à côté. Quel bruit vous faites ! on dirait que vous vous livrez bataille. »