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cherchez pas à vous sauver : je saurai bien vous attraper. »

Le commissaire sortit, laissant Jules et Nicolas dans un affreux désespoir ; ils se roulaient à terre, ils poussaient des cris lamentables, qui attirèrent bientôt les pères et les mères. M. et Mme de Bricone, voyant leurs fils dans l’état de désolation où les avait laissés le commissaire, s’approchèrent d’eux, les relevèrent et demandèrent aux autres enfants ce qui était arrivé. Au lieu de témoigner de l’inquiétude et du chagrin de la menace du commissaire, ils regardèrent en souriant les personnes qui étaient restées au fond du salon. M. de Bricone dit avec calme :

« Voilà ce que c’est de faire des méchancetés ; on est toujours puni. M. Poucque a aussi porté plainte contre vous, car il a fini par vous découvrir ; ce sera encore une mauvaise affaire pour vous.

— Papa, papa, protégez-nous, secourez-nous ! Je ne recommencerai plus ! Je le jure ! s’écria Jules en joignant les mains et le visage baigné de larmes.

— Ni moi non plus, jamais ! reprit Nicolas en sanglotant.

— Est-ce bien vrai ? Votre repentir est-il sincère ?

— Bien sincère, bien vrai, papa. Oh ! papa, sauvez-nous !

— Voyons, je vais tâcher d’arrêter tout cela. Rentrons à la maison ; j’irai ensuite chez le commissaire, et j’espère qu’il ne sera plus question de cette terrible affaire. »

M. et Mme de Bricone emmenèrent Jules et