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c’est généreux à vous, mes enfants, mais votre générosité ne les sauvera pas, s’ils sont coupables. Approchez, messieurs Jules et Nicolas de Bricone », ajouta le commissaire d’une voix forte et sévère.

Jules et Nicolas approchèrent lentement ; leurs dents claquaient, leurs jambes pliaient sous eux, ils tremblaient de tous leurs membres.

« Lequel de vous a écrit cette lettre ?

— C’est Jules, dit Nicolas.

— C’est Nicolas, dit Jules.

— C’est-à-dire que c’est tous deux. Et vous croyez qu’il est permis de prendre une fausse signature, d’annoncer une fausse nouvelle qui devait affliger profondément la malheureuse femme à laquelle vous l’écriviez ; vous croyez qu’il est permis d’exercer sa méchanceté sans être puni ? La loi vous condamne à être jugés comme porteurs de fausses nouvelles, et vous irez en prison pour y attendre votre jugement.

— Grâce, pardon, monsieur le commissaire ! s’écrièrent Jules et Nicolas en tombant à genoux devant lui.

— Grâce ! c’est Nicolas qui m’a conseillé.

— Grâce ! c’est Jules qui m’y a engagé.

— Méchants et lâches, dit le commissaire avec dégoût ; vous faites le mal ensemble et vous vous accusez l’un l’autre… Les juges démêleront lequel des deux est le plus coupable ; quant à moi, j’ai ordre de vous emmener en prison et je vais chercher mes sergents de ville. Attendez-moi ici et ne