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Innocent.

Mlle Camille n’aurait jamais dit les sottises que tu dis, toi, à la journée.

Simplicie.

Je n’en dis pas ; et si j’en disais, ce serait pour faire comme toi, mon aîné de deux ans.

Innocent.

Tu oublies qu’en qualité d’aîné je suis aussi le plus fort, et que, si je voulais te donner une gifle, elle serait bonne.

Simplicie.

Une gifle ! Comme c’est parlé, ça !

Innocent.

Et comment dirais-tu, toi, fille prétentieuse et bête ?

Simplicie.

Je ne dirais pas, mais je ferais. Tiens, comme cela, vois-tu ? »

Et Simplicie, joignant l’action à la parole, donna à son frère un soufflet qui retentit comme une batte sur du linge mouillé. Innocent riposta par un coup de poing qui jeta Simplicie par terre. Pendant qu’elle se relevait, Innocent disparut majestueusement, mais promptement, pour éviter une seconde démonstration de la force et de l’agilité de sa sœur.

Pendant qu’ils se disputaient et se battaient, Camille racontait à sa maman la conversation qu’elle avait eue avec Innocent et Simplicie.

« J’étais si ennuyée de ce qu’ils me disaient, maman, que j’avais toujours peur de leur répondre