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passiez un hiver à la campagne, vous la trouveriez insupportable.

Camille.

J’y en ai passé plusieurs, et je m’y suis trouvée très heureuse.

Innocent.

Vous, mademoiselle, vous qui paraissez avoir tant d’esprit, vous vous plaisez à la campagne !

Camille.

Beaucoup, monsieur ; j’ai sans doute l’esprit trop borné pour en sentir les ennuis ; mais je répète que je me trouve toujours plus agréablement à la campagne qu’à Paris.

Simplicie.

Mais on dit qu’on s’amuse tant à Paris ! L’Hippodrome, le Jardin des Plantes, le bois de Boulogne, les boulevards garnis de boutiques éclairées toute la nuit, les faiseurs de tours de force, les chevaux tournants et tant d’autres choses qu’on ne trouve qu’à Paris !

Camille.

Et la boue, et les voitures qui vous éclaboussent, qui vous écrasent, et les gens qui vous coudoient, et les brouillards qui vous aveuglent, et l’ennui de ne pas voir les personnes qu’on aime le plus, et tant d’autres désagréments qu’on ne trouve pas à la campagne.

Innocent.

On peut toujours voir ceux qu’on aime en allant chez eux.