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ils s’étaient attachés et qui avait l’air de tant les aimer.

Ils apprirent par un garde voisin que le maître, qui s’appelait M. Fonnebot, avait enchaîné Caprice, qu’il le menait promener en laisse et lui faisait une vie très malheureuse.

Il y avait trois semaines que Caprice leur avait été enlevé, lorsqu’un ami de M. de Rouville offrit aux enfants un très joli chien caniche avec de belles soies blanches. Ils l’acceptèrent avec plaisir, et dès le lendemain le caniche Follet fut installé dans la maison ; il ne remplaçait pas Caprice, dont il n’avait pas les rares qualités, mais il suivait les enfants partout, et les amusait par ses mouvements lourds et maladroits.

Un jour on était à table ; Follet jappait, s’impatientait pour avoir à manger, lorsque la porte fut poussée, et Caprice se précipita joyeusement vers les enfants. Il avait encore au cou un morceau de sa chaîne qu’il avait réussi à casser, et sa maigreur prouvait combien il avait souffert depuis trois semaines ou un mois. Il avait l’air heureux de se retrouver avec ses amis ; il allait de l’un à l’autre, leur faisait mille caresses, lorsque tout à coup il aperçoit Follet. Il s’arrête comme frappé de stupeur ; il regarde les enfants d’un air de reproche ; toute sa joie disparaît ; il pousse un hurlement plaintif, va lécher la main de chacun des enfants et, sans rien écouter, il reprend le chemin de la porte, laissée ouverte. Les enfants le suivent, l’appellent, Caprice se retourne, s’arrête, paraît indécis, lorsque