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tifs de la pêche ; les unes apportaient les pêchettes ; les autres y mettaient de petits morceaux de viande crue, d’autres visitaient les ficelles qui attachaient les pêchettes. Quand tout fut prêt, on partit pour commencer la pêche. Il y avait une grande pelouse à traverser ; elle descendait en pente douce jusqu’à un petit ruisseau ombragé de saules, de bouleaux et d’aunes. L’eau y était si peu profonde, qu’on pouvait le traverser en se mouillant seulement jusqu’à mi-jambes ; elle était si claire, qu’on voyait les cailloux qui tapissaient le fond.

Quand on fut arrivé, chacun s’élança pour jeter les pêchettes dans l’eau. Mme de Rouville les arrêta.

« Vous ne prendrez rien si vous vous précipitez tous à la fois, mes enfants. Et puis vous faites trop de bruit, les écrevisses resteront au fond de leurs trous.

Valentine.

Comment, ma tante, elles sont dans des trous ? Je croyais qu’elles nageaient comme les poissons.

Madame de Rouville.

Elles ne se mettent dans l’eau que pour attraper leur nourriture ; elles restent habituellement dans des trous formés par des pierres. Maintenant mettez-vous à l’ouvrage ; les garçons vont placer les pêchettes sans faire de bruit, les filles prendront les écrevisses qui se trouveront dans les pêchettes quand on les relèvera.

Jeanne.

Avec quoi les prendrons-nous, ma tante ?