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endormis et demandèrent ce qu’il y avait, pourquoi on criait.

« Fritz, postillon, au secours ! sauvez-moi ! » s’écria ma tante d’une voix étranglée par la peur.

Aidés par la lueur de la lune, Fritz et le postillon approchèrent de ma tante, et furent effrayés à leur tour en entendant les grognements de l’ours et les hurlements du loup.

Ils la prirent et l’emmenèrent à l’écurie, en lui demandant comment elle se trouvait là et ce qui lui était arrivé. Elle leur raconta ce qu’elle avait soupçonné, ce que Pulchérie avait vu, et comment elle avait dû fuir seule, n’ayant pu se faire entendre de Pulchérie.

« Pourvu qu’on ne l’ait pas égorgée, dit-elle. Ils se seront ensuite sauvés avec ma cassette, et c’est pourquoi nous ne voyons ni n’entendons personne. »

Fritz voulut aller à la recherche de Pulchérie, car il partageait les craintes de sa maîtresse ; il lui dit que l’aubergiste n’avait jamais voulu le laisser entrer, sous prétexte que madame ne le voulait pas, parce qu’il était fatigué et mouillé, et qu’il devait se chauffer et se reposer. Mais il eut beau frapper et pousser, la porte était solidement fermée avec des barres et des verrous.

« Cette pauvre Pulchérie ! s’écria ma tante ; c’est affreux, je ne veux pas l’abandonner ; cassons les vitres, entrons comme nous pourrons. »

Fritz n’eut pas de peine à casser un carreau d’une croisée avec son poing ; il passa le bras, tira le