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trop forte met en colère et donne envie de mal faire pour se venger.

Mademoiselle Albion.

Hooo ! Quoi vous feriez donc à votre frère, alors ?

Pierre.

Je ne ferais rien du tout, parce qu’il n’a rien fait de mal.

Mademoiselle Albion, piquée.

Very well, mister Piêre ; vous jugez comme une étourneau. »

Pierre allait répondre ; mais la maman lui imposa silence et pria Mlle Albion de commencer la leçon. Les enfants travaillèrent très bien. Dans les moments de repos, Henri courait chez la nourrice pour voir si elle pleurait. Il était heureux quand il la trouvait calme et occupée à son ouvrage du matin ; quand il la voyait triste, il cherchait à la consoler par ses caresses et par des projets riants pour l’avenir.

Les leçons finies, Mlle Albion mit son châle et son chapeau, salua et sortit ; le déjeuner était servi ; les enfants étaient sérieux et mangeaient à peine. Ils allaient se lever de table quand la porte s’ouvrit et Jacques et Louis entrèrent précipitamment avec leur bonne. Ils jetèrent un regard sur leurs cousins, virent leurs visages tristes et les yeux d’Henri rouges encore des larmes qu’il avait répandues.

« Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi as-tu pleuré, Henri ? Pourquoi êtes-vous tristes tous les deux ? dit Jacques avec vivacité.