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L’aubergiste.

Avec le postillon.

Ma tante.

Est-ce près de ma chambre ?

L’aubergiste.

Non ; là-bas, aux écuries.

Ma tante.

Mon Dieu ! mais je serai donc seule ? »

L’homme la regarda d’une façon singulière, sourit à moitié, et dit avec rudesse :

« Est-ce que vous avez peur ? Vous craignez pour votre cassette ?

— Pas du tout, dit ma tante d’une voix tremblante ; je n’ai rien de précieux dans ma cassette. »

L’homme la regarda encore avec un demi-sourire féroce et lui dit :

« Alors, pourquoi l’avez-vous fait monter avec tant de soin ?

— C’est… parce qu’elle contient… mes effets de toilette, répliqua ma tante, de plus en plus effrayée.

— Voulez-vous souper ? demanda l’homme toujours souriant.

— Oui, non, comme vous voudrez », répondit ma tante, qui ne savait plus ce qu’elle disait.

L’aubergiste sortit ; à peine était-il parti que la femme de chambre entra, pâle comme une morte.

« Madame !… madame !… »

Ses dents claquaient tellement qu’elle ne pouvait parler.