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Louis.

Eh bien ! bouche tes oreilles, si je t’ennuie.

Sophie.

Je préférerais te fermer la bouche.

Louis.

Mon Dieu ! quel esprit a mademoiselle ! Comme mademoiselle est aimable et encourageante !… Je demande qu’on te chasse et qu’on t’empêche de m’écouter.

Sophie.

Comment donc, monsieur ! mais très volontiers ! Je m’en vais avec grand plaisir ! J’ai l’honneur de saluer monsieur, qui ne veut pas souffrir une observation, qui ne permet que des applaudissements ! »

Sophie fait une grande révérence à Louis, lui donne une chiquenaude sur le nez et se sauve en riant. Louis veut la poursuivre, mais les autres l’arrêtent, lui disant que Sophie est gaie et rieuse et pas méchante ; Louis se calme et commence.

« Je vais vous raconter le voyage d’une de mes tantes qui allait en Allemagne et qui avait une forêt à traverser. Une forêt ! Quelle forêt ! Vous allez voir ! Par un temps affreux ! Vous allez voir ! Et des chemins affreux ! Vous allez voir ! »

On entend un soupir long et bruyant ; les enfants se retournent et voient Sophie, rentrée par une petite porte, qui écoute d’un air malin et qui continue à soupirer.

Louis.

Te voilà donc revenue, toi ! Pourquoi me déranges-tu ? Pourquoi soupires-tu ?