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de ceux dont il estimait l’opinion, il leur demanda qui avait tort, de Sophie ou d’Henriette.

Il y eut un moment d’hésitation. Camille, voyant que personne n’osait dire l’entière vérité, prit la parole.

Camille.

Je crois que mes cousins trouvent, comme moi, que vous êtes injustes pour Sophie, qui n’a parlé que lorsque Henriette l’y a presque forcée. Son jugement a été sévère, mais juste au fond ; et je crois qu’il y a effectivement plus de dépit que de chagrin dans les larmes d’Henriette. En somme, Sophie ne mérite pas votre colère ni vos reproches.

Léonce.

Je pense comme Camille. J’ajoute seulement qu’Henriette ne me semble pas mériter tant de caresses et de consolations.

Pierre.

Je dis comme Léonce et comme Camille ; Henriette n’avait qu’à ne pas interroger Sophie, si elle ne voulait pas avoir une réponse franche.

Louis.

Et moi aussi, je pense comme eux. Seulement j’aurais mieux aimé que Sophie n’eût pas dit tout ce qu’elle pensait, et qu’elle se fût rappelée qu’Henriette racontait son histoire par complaisance et avec répugnance.

Sophie.

Et moi, je trouve que vous avez tous les quatre très bien jugé, et que j’ai parlé trop rudement, comme je fais toujours. Pardonne-moi, ma petite