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à cause de sa petite taille. Bien des fois sa mère le lui avait défendu : mais Poucette se moquait d’elle et n’obéissait pas.

Un jour, elle suivit une servante qui allait sécher le linge au grenier. Quand le linge fut étalé, la servante sortit et ferma la porte.

Voilà Poucette enfermée ; elle crie, elle crie tant qu’elle peut ; mais elle avait une si petite voix que personne ne l’entendait ; pendant qu’elle courait çà et là en criant, un chat entre par la lucarne, la prend pour une souris et s’élance sur elle ; Poucette se sauve ; mais le chat était leste et adroit : il attrape Poucette, lui donne un coup de dent et lui coupe la tête. Les cheveux de Poucette étaient très longs, ils étranglent le chat, qui tombe étouffé près du corps sans tête de Poucette.

Quelques heures après, Boursouflé et Joufflue ne manquèrent pas de faire une sottise qui leur fit appeler Poucette comme d’habitude ; mais Poucette n’arrivait pas. Effrayés de sa longue absence, Boursouflé et Joufflue la cherchèrent partout et montèrent au grenier ; ils virent en entrant le chat mort et Poucette sans vie ; leurs cris furent mieux entendus que ceux de Poucette, car ils étaient perçants et terribles. Tout le monde accourut ; mais que faire ? On ne pouvait refaire une tête à Poucette, ni lui rendre la vie ; alors on fit un petit cercueil, on y mit le corps de Poucette, qu’on enterra, et l’on jeta le chat sur le fumier. Boursouflé et Joufflue furent plus battus que jamais, car ils étaient gourmands, voleurs, menteurs et pares-