Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/310

Cette page a été validée par deux contributeurs.

marrons que leur maman avait ramassés ; ils en remplirent leurs poches, les firent cuire dans la cendre et les mangèrent. Quand ils eurent tout mangé :

« Hélas ! s’écria Joufflue, qu’avons-nous fait ? maman, qui a compté ses marrons, va voir qu’il lui en manque une cinquantaine. Qu’allons-nous faire ? Poucette, viens à notre secours.

— Soyez tranquilles, je vais arranger cela ».

Et Poucette, sautant à terre de dessus son petit fauteuil, qui était haut comme la main, prit une baguette, fit rouler des charbons embrasés jusqu’auprès du panier de marrons, alluma à un des charbons un morceau de papier et mit le feu au panier ; quand tout fut en flammes, Poucette poussa les marrons dans la braise brûlante, et, les voyant tous pétiller et brûler, elle dit à Boursouflé et à Joufflue d’aller le long des haies ramasser du bois mort.

« Vous en rapporterez tant que vous pourrez ; vous ne direz pas que vous êtes rentrés, et maman croira que c’est le feu qui a roulé et qui a brûlé le panier et les marrons.

— Merci, Poucette, merci », crièrent-ils en se sauvant.

Poucette, enchantée d’avoir joué un tour à sa mère, monta dans sa chambre, pour n’avoir pas l’air de savoir l’accident arrivé aux marrons. La mère Frottant ne tarda pas à rentrer ; voyant la cuisine pleine de fumée, elle se mit à crier au feu ; des voisins accoururent et l’aidèrent à jeter quel-