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Jacques.

Non, non, ces pauvres bêtes ! Il faut les sauver.

Léonce.

On ne peut les sauver tous. Il y en a quatre qui sont revenus chez eux, et deux qui ont disparu, ce qui doit faire croire que les loups les ont mangés.

Jacques.

J’en suis fâché ; puisque c’est toi qui composes l’histoire, tu peux bien dire qu’ils sont revenus tous les six.

Léonce.

Mais ce serait peu probable. Juge donc, cinq cents loups qui poursuivent six chevaux, il faut bien leur en laisser dévorer deux.

Henriette.

Oh non ! oh non ! Léonce, je t’en prie, sauve les tous.

Léonce.

Je veux bien. Alors pour la fin de l’histoire, je dis que les chevaux avaient une telle vigueur, grâce aux soins de Nikita, qu’ils sont parvenus à mettre les loups en fuite en leur cassant la mâchoire par leurs ruades quand ils approchaient de trop près. Et puis j’ajoute encore que deux régiments ont été envoyés contre les loups ; qu’ils les ont entourés et fusillés tous, de sorte qu’il n’en est pas resté un seul en vie, et que les corbeaux, les vautours et les éperviers ont dévoré leurs cadavres ; ainsi on n’a pas eu à craindre la peste dans le pays. J’espère que tout le monde est content de cette fin si heureuse. »